Hortus curiosus
Un regard autre, qui ouvre les yeux
Le jardinier-botaniste concentre son regard sur la fleur, qu’il soigne. Il s’en fait une image précise. Le photographe voit les choses autrement et fait découvrir leur jardin à ceux qui le cultivent. C’est cette ouverture qui a plu et a convaincu les Musée et Jardins botaniques cantonaux d'exposer les photographies de Denis Corminbœuf.
Nous, jardiniers, on prépare le sol, sème la graine, vérifie si elle germe, élimine les «mauvaises herbes» qui peuvent entraver sa croissance. On nourrit la plante, l’arrose, veille à ce qu’elle ait la lumière qu’il faut –ni trop, ni trop peu. Lorsqu’elle fleurit, on contrôle si c’est bien ce qu’on a semé. Ouf ! c’est ça!
On l’installe où elle doit l’être, en prenant garde qu’elle fasse de l’effet.
Nous, botanistes, on scrute la plante, on regarde si la tige est ronde ou carrée, comment les feuilles y sont disposées, comment sont les poils qui les couvrent : simples ? en étoile ? formés d’une seule cellule ou de plusieurs? On s’assure que les pétales et les sépales sont insérés à la base, au milieu ou près de l’extrémité du pistil. On compte les étamines pour voir si elles sont en nombre égal aux pétales, ou deux fois plus nombreuses, et si elles sont fixées entre eux ou face à eux.
Centre de toutes les attentions: la fleur. Lorsqu’on la photographie –et on réussit parfois de fort belles prises de vue–, on prend garde à capter tous les détails qui permettent de la reconnaître.
Et voilà qu’un «Pierrot lunaire», un rêveur –aux idées bien nettes cependant– vous photographie un rai de lumière sur un pétale, un bourgeon à la forme suggestive, une feuille se fanant, un fruit pourrissant, une bêche, un sécateur, même une vitre de châssis fendue ! En cela, il nous montre un autre jardin:notre jardin.
«Hortus curiosus» Le jardin botanique autrement
Photographies de Denis Corminbœuf
Une exposition des Musée et Jardins botaniques cantonaux
du 13 mai au 25 septembre 2011
tous les jours de 10 h à 18 h. Entrée libre