Dormance

Mélèze dans la neige
Mélèze au chouca
Mélèze dans le brouillard
Vieux arolle
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Dormance Peintures et dessins

L’hiver est là. Cru. Sur les branches fatiguées des aroles et des mélèzes, la neige se repose. Pas feutrés, silence ouaté. La vie s’esquive, se cache. Comme une longue éclipse, en sourdine sous l’épaisseur. Il y a des arbres qui craquent à cause du vent, de la neige ou du froid. Géants qui tombent. Géants qui somnolent. L’orée de la forêt, en altitude, c’est une ligne de front, un lieu de résistance.

Je me suis tant promené, crayon à la main, à croquer ces monstres de longévité. Je prends toujours les plus résilients. Ceux qui ont dû se reconstruire à maintes reprises, dont la forme est façonnée par la lutte contre l’intempérie et la précarité du terrain. Parfois c’est juste l’écorce ou la souche qui m’interpellent ; ailleurs c’est l’arbre entier cambré contre l’azur ou couché sur un énorme rocher, jambes en l’air, qui retient toute mon attention. Une épave ? Lieu de résidence d’insectes et autres champignons, la vie à l’intérieur.

Sont bien loin les sentiers de l’été, entretenus et balisés. En hiver c’est l’école buissonnière. Les chemins de traverse en suivant les rares traces des chamois, les lourdes épaisseurs, les pentes inquiétantes. Jour blanc, dessin à tâtons. Il y a aussi le soleil cristallin, le froid mordant, l’haleine courte, la lumière sur les crêtes.

Ma relation avec la montagne est d’abord animale : je marche, je survis ; puis culturelle : je choisis, je comprends ; puis subjective : j’aime l’hiver ! La belle dormance.